mardi 1 janvier 2019

2019, toujours des questions...

Je n'ai pas l'habitude, à l'occasion des nouvelles années, de faire un bilan, ni de me fixer d'objectifs. Le réveillon du jour de l'an ne me transcende pas plus que les dizaines de textos échangés le 1er janvier, personnalisés ou groupés, et cette période n'a pour moi pour seul attrait que les moments passés en famille ou entre amis.  Néanmoins, légèrement poussée par... je ne sais quoi, je vais ajouter un p'tit paragraphe de "Bonne année !", sans doute le 35e que vous lirez ces jours-ci... 

Après une année 2017 qui avait vu notre fils être opéré d'une tumeur, nous nous étions dit que 2018 ne pouvait pas être pire. Qu'elle ne pourrait être que franchement meilleure, parce que ce serait l'année qui verrait se réaliser un grand voyage en famille à travers le monde. Mais 2018 nous aura apporté non seulement une récidive de la tumeur de Killian, mais aussi la déroute du projet de voyage et des situations professionnelles et personnelles un peu inconfortables, avec des changements parfois difficiles à négocier, tant pour nous que pour les enfants. Alors pour 2019, on ne se prononce pas. On se réjouit d'être aujourd'hui tous en bonne santé, et de ne souffrir ni de la faim ni du froid. On sait que cette année, comme toutes les précédentes et toutes les suivantes, nous aurons une famille aimante et soutenante, des amis fidèles pour partager nos joies et nos peines, des bons moments et quelques galères, mais la vie est ainsi, et malgré tout nous aimons la notre, que nous n'échangerions pour rien au monde. Chaque journée, belle ou sombre, contribue à nous faire grandir, et nos enfants, je l'espère, deviendront les adultes qu'ils sont au fond d'eux, quelles que soient nos forces et faiblesses dans l'éducation et l'affection dont nous les entourons. 
Souhaiter paix, bonheur, santé... Oui, bien sûr ! On le souhaite pour soi, pour ceux qu'on aime et toute l'année. Mais on est d'accord qu'aucun souhait n'a jamais eu la moindre incidence sur le déroulement d'une vie. Alors simplement, je vous encourage à avoir chaque jour un regard bienveillant sur vous et sur la journée écoulée pour que vous puissiez voir que la vie et belle, que votre âme est belle, et que toute cette beauté se savoure et se partage.

Mais revenons au sujet de ce blog...
Après avoir navigué quelques jours sans nous, sous la conduite experte d'un ami, Heimoana a fêté ce premier jour 2019 avec nous, au fil de l'eau, bien entendu ! Le temps est superbe, et un copain nous rejoint avec son fils pour une belle après-midi. Il nous aura fallu insister lourdement pour amener nos enfants, qui râlent, pleurent et nous assurent qu'ils n'aiment PAS le bateau. J'avoue que cela me contrarie, alors que bien sûr ils sont par la suite souriants et heureux d'être sortis (même si c'était "un peu trop long", une sortie de 3h...).
Le moteur a bien un peu de mal à démarrer, comme d'habitude, il faut croire qu'il est aussi frileux que moi. Le vent est faible, c'est moi qui le sors du quai. On ouvre rapidement les voiles, et un petit vent nous pousse gentiment. Sylvain et le pote Guillaume s'amusent à chercher les meilleurs réglages de voiles, qu'ils doivent vite abandonner quand les enfants sortent un par un sur le pont, malades et stressés parce que le bateau "penche trop". Moi je savoure la caresse de l'air, la douceur du soleil, la beauté de ses milliers de reflets éclatants sur les vaguelettes, le ballet des oiseaux, le calme et le délicat bercement du bateau. J'ai déjà une bonne centaine de photos du soleil se reflétant sur la mer, mais je continue inlassablement d'essayer de capturer ces fabuleuses images, sans que jamais mon appareil n'en saisisse ne serait-ce que la moitié.



Je ne peux pas dire avoir eu pour la mer et la voile un magistral coup de foudre. La mer, longuement vue depuis la plage, me fascinait mais sans m'attirer depuis des années. Quant-à la voile, nos premières sorties me stressaient tellement que souvent je rentrais en me demandant comment proposer à Sylvain de revendre aussi sec le bateau, parce que "jamais je ne m'y ferai !". Mais rapidement aussi, quand je me sentais en sécurité, j'ai éprouvé un sentiment rare et précieux de plénitude. C'est cette émotion, je pense, qui, pénétrant jusqu'à mon âme, m'a fait tomber petit à petit amoureuse de ces escapades. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce bonheur infini de remplir ses yeux et son cœur des choses si simples et si merveilleuses que sont le vol des goélands, les couleurs si nombreuses et changeantes du ciel et de la mer, le doux bercement que la mer impose au bateau, la beauté brute de la nature, le silence qui n'en est pas, les nuages gracieux... Il n'y a pas de faux-semblant, en mer. On est nu face à soi-même et le soleil nous éclaire jusqu'au plus profond de notre être, et je n'ai même pas eu besoin d'aller au bout du monde pour comprendre tout ça.

J'aimerais tellement que les enfants puissent voir et s'attacher à cette merveilleuse simplicité, comprendre que la Nature a infiniment plus à nous offrir que ce qu'ils voient et qu'ils prennent plaisir à naviguer... Mais ils s'obstinent à râler tout leur saoul chaque fois que nous proposons une navigation, s'enferment en bas pour lire ou jouer, et nos efforts pour les intéresser ne semblent pas encore payants. 

Sylvain et moi avons envie de repartir 3 ou 4 semaines, mais c'est en janvier que c'est le plus envisageable. Comment motiver les enfants alors que la météo ne sera pas forcément clémente et les températures assez décourageantes ? Faut-il les forcer pour leur donner une chance de partager notre passion, mais au risque de les dégouter ? Faut-il prévoir autre chose, remettre les navigations à plus tard, au risque qu'ils soient trop vite assez grands pour décliner les "plans bateau" ? Ils sont du genre à rester sagement dans leur étroite zone de confort, ce que moi-même j'ai pratiqué pendant plus de 30 longues années. La Vie, le chéri et les copains ont dû parfois me sortir de force de ma zone de confort pour que je me rende compte qu'au delà de mon petit cocon sans horizon il y a de nombreuses choses qui méritent tellement d'être découvertes, goutées, vécues ! Aujourd'hui, si mon cocon reste précieux, j'éprouve un réel plaisir à en sortir et je n'ai plus besoin de me faire violence... Mais que faire pour les enfants ? Ils sont pourtant fiers de tenir la barre, border les écoutes et planifier la route sur le GPS, une fois qu'on s'est fâchés pour les emmener contre leur avis...












L'après-midi passe bien vite, et le soleil saluera notre retour au port en s'étourdissant sous l'horizon dans des couleurs fabuleuses. Je rentre avec mes questions non-résolues.

J'ai renoncé à la responsabilité des apprentissages de Killian, j'avais présumé de mes capacités (et de ma patience !). Il est inscrit depuis fin novembre aux CNED. Je respire, et il retrouve presque un semblant de motivation pour travailler, au moins sur les matières qu'il apprécie. Il est un peu versatile : l'année dernière il adorait le français et cette année c'est la matière la plus horrible qui soit... Je le soupçonne depuis des années de laisser ses feelings avec les professeurs influencer largement ses appréciations. Et en l'absence de professeur, c'est le sujet abordé qui guide ses émotions (et l'amour à travers les pièces de théâtres d'il y a 2 siècles ne l'enthousiasme pas le moins du monde). Les cours sont bien faits, mais il a bien du mal à comprendre qu'il doit mettre les bouchées doubles pour rattraper les 2 mois de retard.




Maintenant, pour rien au monde je ne veux quitter notre bateau, et s'il faut un jour le vendre pour une raison ou une autre, ce serait sans aucun doute un crève-cœur. Mais on ne sait jamais de quoi demain sera fait, alors on se fixe des objectifs à court terme, et on profite à fond !