jeudi 19 juillet 2018

Dernières sorties avant le grand Départ !

Le jour J n'est que dans plus de 2 mois, mais nous savons déjà que les occasions de sortir ont fondues comme neige au soleil. 
Peu de jours libres, un boulot beaucoup trop prenant, et une saison estivale qui s'annonçait aussi rude que les précédentes, même si cette année l'équipe s'est agrandie et accueille un gars motivé qui ne rechigne pas à la tâche (en plus c'est mon vieux super pote, ô joie !).

Bref, juin nous a vu faire une courte escapade aux Saintes Maries de la Mer, puis une demi-journée de navigation avec le prof de voile de Sylvain. Nous voulions absolument pouvoir monter le spi, car nous n'avons jamais eu l'occasion de le faire, et ce genre de manœuvre est anxiogène quand on ne l'a pas testée au moins une fois avec quelqu'un d'expérimenté. 

On rejoint donc Fred à Palavas-les-Flots, où l’accostage au quai se fait sans difficulté mais non sans tension. Je me sens toujours très gauche sur cette manœuvre, trop peu assurée pour tenir la barre, et trop malhabile sur l'amarrage ; je ne trouve pas ma place, et le fais bien sentir... Finalement, on s'en sort bien, et Fred nous rejoint (enfin, quand Sylvain est allé le tirer de sa sieste, en fait !).

Le vent est parfait, à peine 10 noeuds, on va pouvoir sortir le spi ! On déroule la belle voile légère et colorée qui permet d'avancer un peu plus vite par vent faible, et qu'on ne peut utiliser que par vent arrière ou grand largue. C'est génial, mais les sensations à la barre sont différentes. Il faut être particulièrement vigilant, car la moindre erreur de pilotage peut coûter cher ! Si le spi s'enroule sur lui-même et sur l'étai, il a un certaine propension à se serrer bien comme il faut, et devient particulièrement difficile à défaire. On est donc prudents !


Il nous explique aussi de nombreux réglages, notamment sur la tension du mât et des étais, et cela me rappelle quelque chose... Ah oui, Johann nous l'avait déjà expliqué, mais je n'en avais pas retenu grand-chose. On se concentre, on essaie d'intégrer les notions de façon plus durable, mais ça reste difficile de tout assimiler. 

L'après-midi passe vite, et nous rentrons chez nous après avoir re-déposé Fred à Palavas. On apprécie de naviguer par temps calme !




Puis la semaine dernière, j'ai eu l'occasion de partir naviguer avec notre voisin de quai, Christian. N'ayant pas un seul jour de congé en commun avec Sylvain, c'était ma seule solution pour pouvoir sortir en mer, et Christian, en plus d'être quelqu'un d'agréable, est un régatier "tranquille", plein de compétences, et je comptais profiter de son expérience pour approfondir mes connaissances. Rendez-vous est donné à 10h, et lorsque j'arrive le bateau est déjà prêt au départ ! 

La météo s'annonce parfaite, mais la sortie du quai se fera dans la douleur : un courant nous déporte, alors que le vent est quasi-inexistant (on ne s'est pas assez méfiés), et Christian soupçonne son hélice de n'avoir pas réagi assez vite ; on termine sur les hélices saillantes d'un bateau moteur amarré juste en face. Je m'en veux de n'avoir pas su réagir assez vite avec la gaffe pour tenter de ralentir l'approche, et à la fois, je ne suis pas sûre que cela aurait changé grand-chose. 



Le temps est calme, la navigation s'annonce très agréable. On sort à nouveau le spi, on fait plus connaissance, et je pose quelques questions pour asseoir un peu mes compétences. Christian est d'une patience d'ange, humble et tient compte de mes envies. Néanmoins, il sera l'initiateur d'une double performance de ma part qui a laissé ceux qui me connaissent dubitatifs ! Il a du super matériel à bord, et me propose d'essayer. Kayak, paddle... Je dis non, bien sûr ! Et ç'autait été n'importe qui d'autre, je crois que j'aurais tenu ma position. Mais Christian revient doucement à la charge, et je finis par accepter, sans bien savoir si c'est par peur d'avoir vraiment l'air d'une quiche ou si c'est parce qu'au fond de moi, bien cachée sous mes angoisses, j'ai quand même un peu l'envie d'essayer.


Il me faut une énergie considérable pour repousser mes idées délirantes de dangers potentiels. On a jeté l'ancre face à une plage, le bateau ne va pas se barrer même s'il n'y a plus personne à bord, l'échelle pour remonter est bien en place (et y'en a une de secours !), et non, le kayak ne va pas se renverser. Allez, go ! Me voilà à bord de la frêle embarcation, avec à nouveau autant d'excitation que de panique ! Décidément, le monde de la mer me transforme bien au-delà de ce que j'aurais osé imaginer. On avance dans les petites vagues, je suis trempée en 5 minutes, mais la sensation d'être si près de l'eau et doucement ballottée par la mer est grisante ! Je suis définitivement conquise, il nous faudra un kayak ! 



On fait le tour du bateau, et c'est là qu'on constate que l'hélice que nous avons frôlée a troué la coque de "Moun'Ba" sur une bonne longueur. On est un peu consternés des dégâts, Christian sera obligé de sortir son voilier, alors qu'il n'avait pas prévu de le faire, pour réparer sa coque. Au delà du temps que cela va prendre, c'est aussi un budget que de faire sortir son bateau par une grue, et de le faire caler. Il en profitera donc pour faire son antifouling. Il ne râle pas outre mesure, et j'apprécie son flegme. Si je peux, j'irai l'aider à faire les travaux sur son bateau, autant pour apprendre que pour le remercier, à ma façon, du temps qu'il m'a consacré. 

Puis Christian me propose de tester le paddle, et pourquoi pas les bouteilles pour plonger. Ayant un sens de l'équilibre de base fort peu développé, je sens que ça va être coton. Je suis sûre que je ne tiendrai jamais debout, et j'ai peur, dans ma chute, de lâcher la pagaie, et que celle-ci ne finisse par 8m de fond (Christian a pris soin de m'informer qu'elle ne flottait pas...). La pression est forte, la trouille aussi, et mes propres tremblements font autant bouger la planche que la mer elle-même, qui est loin d'être plate ! Je renonce, et avancerait à genoux ou assise, ce qui m'affiche officiellement comme une vraie quiche. Tant pis ! Je réessaierai le paddle, mais sur une mer d'huile... 





Christian, quant-à lui, gère franchement bien son tour en paddle. J'ai eu beau ne pas le quitter des yeux pour ne pas manquer la chute, j'en fut pour mes frais, il n'est pas tombé !

Tout à mon plaisir des découvertes, je veux plonger avec les bouteilles, et Christian me prête très volontiers tout son matériel. Mais bien que motivée, je sens une légère résistance dans le détendeur à l'inspiration, sans doute normale, et cela me stresse. Engoncée dans le gilet qui tient la bouteille, et gênée par les palmes, je ne me sens absolument par maître de mes mouvements, et la panique commence à monter. Je tente de prendre sur moi, et veut profiter de l'expérience, mais le stress, et la gêne respiratoire liée à la résistance du détendeur déclenchent une légère crise d'asthme, et je refuse de plonger. En bon médecin, Christian me rappelle que l'asthme est une contre-indication à la plongée. J'aurais dû le lui dire, mais ayant déjà plongé à la Réunion, je pensais pouvoir gérer. J'avais sans doute atteint mon quota d'émotions fortes pour la journée !

Pataugeant dans la Méditerranée, bien qu'elle soit fraîche, je me demande tout d'un coup pourquoi je ne m'y baigne absolument jamais. 12 ans que j'habite au bord de la mer, et autant que je n'en ai pas profité. J'aime nager, mais seulement en piscine, pourtant l'eau fraîche est délicieuse. Je remonte rapidement sur le pont, me sécher sous les doux rayons du soleil estival. 

Une fois bien secs, nous entreprenons notre retour à Port Camargue, en hissant à nouveau le spi. Cela semble à la fois simple et précis, je me demande si on arrivera à bien gérer quand on sera seuls... Mais il faudra bien !

Heimoana est rentré en zone technique, où lui sont installés un nouveau portique (sans doute lui aussi capable de m'ouvrir une plaie sur le front, je garderai mes distances...), des panneaux solaires et une éolienne. On le récupérera dans quelques jours, en croisant les doigts pour que les travaux soient terminés, mais j'ai un léger doute : les techniciens ont du retard sur leurs chantiers...


En tout cas, cette journée fut parfaite, en chouette compagnie et riche et émotions ! 
Merci encore, Christian ! Tu es un voisin en or...