lundi 24 septembre 2018

Attendre, réfléchir, caréner... et enfin partir ?

Passé le choc de l'annonce de la récidive de la tumeur, et l'éclat en plein vol de notre projet sur le point de se concrétiser, il nous faut réfléchir et trouver comment sauver, ne serait-ce qu'un peu, notre voyage.




Le sea trip aux Antilles semble définitivement impossible : nous disposons de 8 mois maximum, or, il faut compter presque 5 mois pour l'aller-retour. Ca nous laissait 3 mois pour faire le tour de toutes les belles îles paradisiaques de l'archipel. Mais si l'opération est prévue fin octobre, et qu'il faut encore attendre le scanner de contrôle à 3 mois, ça rentre pas...

Faire la transatlantique aller, puis le retour en avion en laissant Heimoana jusqu'à l'année prochaine, ça implique que l'année prochaine nous ayons à nouveau 3 mois de libre pour faire le retour. Or, nos amis qui nous remplacent pour la gestion de l'entreprise se sont engagés pour 14 mois (de juillet 2018 à août 2019, pour nous aider sur 2 saisons estivales et gérer la morte saison). S'ils veulent rester plus, ce sera bienvenu, mais on ne peut décemment pas leur imposer ce choix, et le coût du port là-bas est très hors budget de toutes façons.

Faire convoyer Heimoana par un skippeur : là encore, le coût risque d'être largement au-dessus de nos moyens, et je serai extrêmement frustrée si je ne fais pas au moins une des deux traversées.

Bref, on regarde un peu tristement s'éteindre notre grand projet, celui qui méritait une médiation sur Internet via un blog sympa, et on va se rabattre sur des destinations beaucoup moins exotiques, mais néanmoins dépaysantes ! Puisque l'opération est plus loin que ce que nous avions espéré, pourquoi pas partir le 1er octobre, comme prévu, même pour 2 petites semaines ? Ca nous laisse comme option l'Espagne ou la Corse, mais Maëlyss refusant catégoriquement la traversée pour la Corse, ce sera l'Espagne. Si certains parmi vous connaissent des endroits atypiques et peu touristiques sur la côte Est, on est preneur !

Après l'opération, nous verrons bien, selon l'état de santé de Killian et les contrôles nécessaires, ce que nous pourrons envisager.

Le 11 septembre, il était prévu de sortir le bateau pour le carénage. Nous nous étions posé la question de le maintenir ou non, et finalement nous l'avons fait sortir comme prévu. Le boulot est parfait pour se changer les idées, et j'avoue que je n'avais pas bien mesuré à quel point j'allais pouvoir occuper mes pensées !

Le carénage consiste à nettoyer et repeindre la partie immergée de la coque (qu'on appelle la carène) et l'hélice. Soit quelques heures de boulot par jour pendant 3 jours et basta.
Nous savions que les côtés de la coque étaient dans un état plutôt tristounet, et qu'il serait bien de les retoucher un peu pour améliorer l'esthétique du bel Heimoana, et nous avions également prévu ces petits travaux de ponçage.
Toutefois, une fois le bateau sur cale, l'état de la coque nous est apparu dans toute son horreur. En regardant de près, nous avons constaté que pas un mètre carré de coque n'était épargné : il y avait certes de nombreuses réparations façon "plâtrage à la truelle" absolument dégueulasses, mais aussi d’innombrables traces de coulures d'une précédente peinture de la coque. Partout, partout. Quant-aux bandes noires sur le bas de la coque, elles étaient énormément scotchées, et sous chaque bout de scotch, une rayure ou un trou ! Nul doute qu'un (ou plusieurs) des précédents propriétaires avait plus de plaisir à naviguer qu'à chouchouter ce bateau, dont les réparations sont plus dignes d'un maçon aveugle et manchot que d'un carrossier amateur.

 De loin, la coque est déjà vraiment pas terrible... 

... mais de près, ça frise le cauchemar !

Le choix est vite fait de repeindre entièrement la coque, après effaçage méthodique de ses centaines de cicatrices. L'enthousiasme débordant d'un voisin de chantier nous réchauffe le coeur : "pfiou ! C'est un boulot de titan, vous en avez pour des semaines... Jamais vu une coque aussi moche... Vous êtes sûrs de vouloir faire ça ?". Et je crois que même les vendeurs m'ont regardé avec un brin de pitié pour la pauvre inconsciente que j'étais de m'attaquer à si gros pour un premier carénage.

Bref, j'ai désespérément besoin de m'occuper l'esprit, car l'annonce de la tumeur de Killian est trop fraiche, et j'ai une tendance naturelle à faire ce que je veux quoi qu'en pense les autres, alors je persiste dans ma folie. Sylvain doit encore bosser au camping, mais j'avais sollicité mon père pour m'aider, lui vendant du rêve, au départ, en parlant de 3 petits jours de boulot.

J'avais pensé commencé par la carène pour m'en débarrasser, mais les travaux au-dessus risquaient de la salir, on n'a donc fait que la première couche, gardant la deuxième pour la fin des travaux. le nettoyage de l'hélice, assez laborieux, a été réalisé par mon père, et à suscité toute l'admiration des matelots autour : "houlà, fallait pas vous embêter autant ! On la dirait neuve..."

 Tout le monde s'y met ! (enfin, un peu...)

 L'ancien proprio (ou LES anciens) réparait tous les accros sur la bande noire avec... du scotch ! 
What else...

Puis nous avons attaqué la préparation de la coque : enlever tous les scotchs et autocollants, poncer, reboucher, reponcer, trouver de nouveaux défauts, puis poncer encore. C'est au bout de ces deux jours et demi à respirer de la poussière que j'ai mesuré l'infinité de l'amour paternel, et sa patience hors-normes ! Chaque fois qu'on s'arrêtait, pensant avoir fini et fiers de notre travail, on découvrait de nouveaux défauts... et c'était reparti pour un tour de ponceuse / gel-coat / ponceuse !

Au 5e jour de boulot, nous avons enfin appliqué la sous-couche ! O joie indicible ! Il y a encore quelques petits défauts, de ceux qu'on ne voit que quand on a le nez dessus, mais je suis réaliste : personnellement, je ne vois quasiment jamais ma coque, et ceux qui la regardent la voient toujours de loin, et se moquent sans doute comme de l'an 40 de son état.  Je l'accepte de bonne grâce, puisque je me fiche aussi totalement de l'état des coques des nombreux voiliers que je croise et ne connais pas... Et honnêtement, ils sont à peine perceptibles. En plus, comme on finira, nous aussi, par égratigner la coque plus ou moins régulièrement, c'est pas la peine d'atteindre une perfection qui ne sera qu'éphémère.


J'ai mal partout, et je pense que mon père aussi, mais voir cette belle coque toute blanche nous aide à rester motivés.
Le voisin de chantier enthousiaste a fini son carénage et remis son bateau à l'eau, mais il continue à rôder dans la zone, viens voir l'avancement de nos travaux et mesurer l'humeur des troupes ! Je ne connais toujours pas son prénom, mais il m'a piquée au vif, et j'espère qu'il viendra quand on aura fini et qu'on l'impressionnera au moins un tout petit peu !

Il y a beaucoup de promeneurs dans la zone technique (qui pue l'essence, les produits chimiques qui peuvent te filer un cancer rien que si tu les regardes dans les yeux et qui est parsemée de déchets de mer décomposés et malodorants, m'enfin, chacun son truc...). L'un d'eux, aussi propriétaire d'un feeling 1090, m'a lancé un regard énigmatique quand il a compris qu'on ne referait pas la coque à l'identique. Peut-être qu'il jugeait que je méritait le bûcher de dénaturer ainsi l'âme du 1090, et qu'il suppliait silencieusement la foudre de s'abattre immédiatement sur ma tête... Il faut savoir que c'est un modèle qui a eu beaucoup de succès, et qu'il y a des sites dédiés à ce bateau spécifique, avec des tutoriels pour pouvoir toujours le restaurer parfaitement dans ses couleurs les plus originelles possible. Mais personnellement, j'ai pas cherché à acheter CE bateau-là, moi je voulais juste un 3 cabines confortable, et je trouve l'idée de la bande noire à cette hauteur fort peu adaptée à mon stationnement face à des bateaux à moteurs, qui rivalisent d'ingéniosité pour dézinguer les coques de tous les voiliers du quai... Je les imagine parfois esquisser un sourire sadique dès que le vent se lève, ou que le courant est fort, et pointer le plus possible leurs couteaux aiguisés pour choper les coques des imprudents. D'après les voisins, tout le monde sur le quai s'est empalé au moins une fois sur les bateaux moteurs, et au vu du nombre de "réparations" au scotch sur Heimoana, lui a dû y finir un sacré nombre de fois !

Nous avons opté pour une peinture bi-composants, à priori plus résistante dans la durée que la mono-composant. Plus chère, aussi. On redoutait une application plus difficile (il faut être très rigoureux dans le dosage des produits à mélanger), mais finalement on s'en est pas trop mal sortis. Sauf sur la jupe (arrière de la coque, qui comprend les marches), ou étonnamment la peinture n'a pas eu le rendu brillant de partout ailleurs. 

Si pendant un moment l'idée de peindre moi-même m'a bien titillée, finalement, l'option "achat de stickers" m'a paru nettement plus simple ! En un tour sur Internet, Sylvain dégotte des stickers de folie, le choix en est même difficile ! 

Un nouveau bateau a fait son apparition sur la zone technique, non loin du notre, et nous lions rapidement amitié avec l'adorable propriétaire, Laurent. C'est mon premier carénage, lui me dit que c'est sans doute son dernier (à 71 ans, je comprends aisément...). Mais des idées d'aller en convoi en Espagne nous titille, on va se programmer ça si on peut. 

Par chance, les copains sont venus nous aider le dernier jour, car nous sommes un peu courts sur le timing pour la remise à l'eau. Dany a d'ailleurs été d'un soutien considérable sur le plan logistique pendant toute la période des travaux, gérant ma louloute et les repas. Merci !




L'application des stickers reste un peu délicate, et ne sera pas parfaite, le support n'était pas ultra-lisse (et les sujets un peu grands, il faut bien dire !). L'ancienne bande noire du haut de la coque reste un peu visible par relief, insuffisamment poncée. Je me mets donc en tête de remettre une bande de même taille au même endroit. M'enfin, celle qui me plait est plus large, et l'application de la première bande est si irrégulière qu'il est impossible de la suivre ! Je m'arme de mon mètre pour rester à égale distance du haut de la coque, et je pose tantôt au-dessus tantôt au dessous du tracé de l'ancienne bande. Avec un écart de bien 10 cm ! C'est dur de poser bien droit, mais il m'était impossible de faire pire, même en fermant les yeux. Alors c'est toujours mieux qu'avant...

Sylvain nous rejoint aussi, et s'attelle a des réparations et entretien qui trainaient encore : démontage et graissage des winches, réparation de la fermeture éclair du lazy bag, système efficace pour bloquer les coulisseaux de la grand-voile (non retenus, les coulisseaux sortent du rail du mât, et la voile s'échappe... ).

Killian met la main à la patte, et s'applique au montage des winches. 

Pour ma part, je me suis appliquée à bien respecter les consignes d'application de la peinture spéciale pour l'hélice, qui nécessite des temps de séchage et un délai de mise à l'eau précis et courts. J'ai flingué un pinceau à chaque couche, pensant que le nettoyage des outils se faisait au white spirit, mais non ! Cette peinture est tellement tenace que j'en ai encore sur le corps 4 jours après avoir fini, et c'est pas faute de frotter ! Puis on réinstalle les anodes : anneaux en zinc dont la fonction est de protéger de la corrosion électrolytique les éléments du moteur, qui sont en aluminium, inox, étain ou cuivre. Il est extrêmement important de les changer chaque année par des neuves, et de ne point les peindre, ni les surfaces métalliques à leur contact.


Puis, comme on a eu peur de s'ennuyer, et aussi parce que l'état piteux des boiseries de la descente l'imposait, nous avons décidé de décaper et revernir l'escalier qui amène au carré. Pour le coup, vous verrez les photos ultérieurement, car ce boulot-là n'est pas fini !

Il fut remis à l'eau vendredi dernier, il faut maintenant terminer la restauration de la descente, puis le charger pour le départ.


D'ici quelques jours, nous prendrons très modestement la mer, pour un court séjour. La destination fut l'objet de discussions houleuses, car Maëlyss a décidé que vraiment, elle ne voulait pas faire du bateau ! Notre tout premier court voyage en famille sera donc pour Porquerolles, où nous espérons une météo encore clémente début octobre.

vendredi 7 septembre 2018

Storm, again...

Dans le précèdent post, j'évoquais l'attente de quelques réponses avant la validation du Grand Départ. Le résultat des examens médicaux de notre fils en faisait partie. Il a été opéré d'une tumeur cérébrale en novembre dernier, et il était indispensable que ses examens de septembre soient parfaits pour envisager notre voyage aux Antilles.

Mais voilà, la Vie fait ce qu'elle veut, on ne peut avoir le contrôle sur tout. Et le dernier scanner montre que sa tumeur, que nous pensions totalement éliminée, a finalement pris ses quartiers sur l'os crânien de Killian. Même si à l'heure actuelle on ne peut évidemment pas confirmer que c'est bien cette même fichue tumeur, il n'en reste pas moins que les images montrent un os crânien sur-épaissi, et sur lequel s'est installé un tissu quelconque qui n'a rien à faire là.

Nous savions depuis le mois de mai que l'os avait sur-réagi, nous sentions sous nos doigts parcourant sa tête sensible la vilaine bosse qui avait fait détecter la première tumeur se reformer. Le scanner passé en urgence n'avait alors rien mis en évidence, il fallait attendre et surveiller l'évolution. Nous avions espéré très fort qu'il ne s'agisse que d'une réaction de reconstruction excessive de la part de l'os, suite au "rabotage" dont il avait fait l'objet. Nous avons continué à planifier notre périple, croyant à notre bonne étoile et voulant provoquer notre chance.
L'optimisme est une excellente thérapeutique, mais il n'est pas magique.

Je m'étais persuadée que tout allait bien. Je savais que la tumeur opérée en novembre, de grade 3, était relativement agressive, et que nous la verrions sans doute réapparaitre, un jour. Mais pas si vite. Et si la première fois son évolution avait été très lente, elle semble, cette fois-ci, extrêmement rapide.

Je suis figée, dans le bureau du chirurgien, devant ces images qui me sautent à la gorge. J'en veux terriblement à mes mains, qui m'ont menti.  Je croyais que la bosse avait cessé de progresser depuis quelques semaines.  Je me rassurais de cela, mais je projetais tellement dans notre voyage que peut-être mon cerveau m'a laissé croire ce que je voulais, se disant que j'aurais bien le temps, après des semaines perturbées (pour d'autres raisons), d'admettre la difficile réalité. Le chirurgien tourne, retourne le scann et l'IRM sur l'écran, sous divers angles, pour mieux voir cette nouvelle masse qui se love presque amoureusement dans l'os déformé du crâne de mon enfant. Je sens Killian, sur le siège d'à côté, se décomposer lentement, mais il reste stoïque face à la situation. Il ne dit rien, encaisse, retient les larmes qui tentent une sortie intempestive. Il me dévisage, parce que si je pleure, alors il pourra s'autoriser à pleurer. Moi aussi, je retiens mes larmes, mais je sais que j'ai les yeux brillants. On prend le temps d'un câlin, que le chirurgien respecte en se plongeant silencieusement dans le dossier.

Le médecin nous explique, patiemment, malgré l'heure tardive, tout ce qu'il prévoit (il était en retard sur tous ses rendez-vous, ayant été retenu au bloc opératoire plus longtemps que prévu, et s'en est excusé. Cela m'a semblé absurde : on ne s'excuse pas de prendre le temps de sauver la vie d'un enfant ! Mais l'agacement de certains parents en salle d'attente me fit percevoir que parfois les hommes ont la mémoire courte, ou le nombril proéminent, et ce pauvre chirurgien a bien dû recevoir une remarque ou deux assez salée, ça me consterne...). En même temps qu'il explique, mon cerveau dessine dans mes pensées : la cicatrice réouverte, l'os déformé, la craniectomie, mon fils de 12 ans sous le champ opératoire avec un tuyau dans la bouche, des perfusions de partout, ses beaux yeux fermés. J'essaie de contenir toutes les émotions qui montent tel un volcan, brûlant à l'intérieur, sur le point d'exploser. La peur, la colère, l'incompréhension , l'impuissance, le vide. Il faut chercher, tout au fond, la force de se lever de cette chaise en plastique inconfortable, dire "merci, au revoir", puis serrer Killian fort dans mes bras, en lui disant "ça va aller, tu as entendu ? Il a dit que cette opération serait plus facile que la première".

Encore une fois, je vais devoir lutter incessamment contre les pensées funestes qui m'assaillent. L'idée que mon enfant pourrait mourir si jeune me hante. J'ai beau la repousser de toutes mes forces, elle revient, tel un spam, que rien n'arrête : ni le désabonnement, ni la signalisation en "indésirables".

Pourquoi étaler mes émotions ici ? J'avoue que j'en sais trop rien. Peut-être parce que vous êtes maintenant nombreux, familles, amis et connaissances, à guetter les nouvelles d'une aventure qui n'aura pas lieu, en tout cas qui ne sera pas celle tant espérée, alors autant vous prévenir tout de suite.  Peut-être aussi parce que si lors de la première intervention chirurgicale nous avons fait preuve de plus de pudeur, aujourd'hui c'est différent. L'angoisse qui va nous étreindre, les hauts, les bas, les nuits sans sommeil, on les connait bien. On sait que ça va être dur, mais qu'on va faire face. 
Aussi parce que de très nombreuses personnes sont au courant pour l'état de santé de notre enfant. On me demande régulièrement des nouvelles, et plusieurs de nos clients étaient au courant du rendez-vous de contrôle. Ils sont venus, le lendemain, me demander le résultat. Certains ont pleuré avec moi.
Et puis, écrire a toujours été pour moi une façon de gérer mes pensées et mes émotions. Depuis enfant, j'écris pour me comprendre, pour analyser et canaliser. J'écris dans des cahiers, sur des lettres que je brûle, j'envoie des mails sur des boites fantômes que personne ne lira jamais. Alors, sur un blog, après tout, pourquoi pas.

J'attends surtout pas de pitié, ça m'agace, et encore moins de condescendance, ça m'insupporte. En revanche, un petit mot d'encouragement est toujours bienvenu, un câlin ou une tablette de chocolat aussi. Ce sont mes anti-dépresseurs naturels... Nous avons eu beaucoup de soutien lors de la première hospitalisation de Killian, et cela nous a vraiment portés. On me dit parfois : "je sais pas quoi te dire", et honnêtement, ça me suffit. Je reçois l'intention et l'affection, c'est suffisant pour renouveler mes forces.

J'espérais que ce post annoncerait le pot de départ avec les copains, fin septembre, mais non. Il faut reporter ce voyage tellement attendu, le modifier aussi. Il faut surtout s'y accrocher, de toutes nos forces. Il faut aussi, bien sûr, remettre les choses en perspective et rationnaliser : on va enlever cette tumeur, après ça ira. Il y a des maladies tellement pire, des situations de vie tellement plus dramatiques que je ne cherche pas à me plaindre. On n'est pas sur un bateau dans la clandestinité, entassés comme du bétail, à nous regarder mourir dans l'indifférence générale, alors qu'on cherche juste à survivre.  On ne connait pas le nettoyage ethnique, et son lot de cruautés qui révulsent le cœur. On n'est pas persécutés pour une bête question de croyance religieuse. C'est dur de voir son enfant souffrir, c'est sûr. Mais on va gérer. Ensuite, on fera un beau voyage avec Heimoana, même s'il est court, même s'il faut choisir une destination plus modeste, et ce sera parfait !

mardi 4 septembre 2018

Préparation du grand départ

Nous n'avons encore aucune certitude quant-au trajet de notre voyage, attendant encore des réponses, néanmoins, nous préparons notre bateau comme si nous partions aux Antilles, ce qui est prévu depuis déjà plusieurs mois.

L'équipement de notre bateau avance. Nous avons :
- fait installer des panneaux photovoltaïques et une éolienne, sur un nouveau portique,
- fait installer la capote de descente (bâche sur structure inox qui protège l'ouverture du bateau du soleil et de l'eau, et offre un peu d'ombre)
- fait changer les batteries pour de plus performantes,
- fait changer la VHF pour un modèle incluant l'ASN,
- fait installer l'AIS

 Panneaux photovoltaïques, éolienne et capote de descente (crédit photo : Pierre LAGARDE)


Les techniciens  ont également amélioré le système de démarrage du moteur, résolu le problème du démarrage aléatoire du frigo et changé tout ce qui foirait dans le tableau électrique. Un immense merci à SUN MARINE Port Camargue, à Antoine pour ses efforts financiers sur un lourd devis, et à tous les techniciens pour leur disponibilité et leur compétence !

Nous avons aussi refait l'étanchéité sur presque tous les hublots et fenêtres du bateau, et j'en ai profité pour restaurer une partie des boiseries intérieures, qui étaient rongées par l'humidité et les moisissures. Ça me brûle déjà moins la rétine quand je suis dans le carré, mais je veux aussi restaurer la descente, et c'est un gros morceau !
Hublot déposé, et reposé avec un joint d'étanchéité silicone.

Panneau intérieur bien attaqué par les infiltrations d'eau... 

Plusieurs de ces panneaux intérieurs ont été décapés, poncés, dégrisés, teintés et revernis (4 couches !). L'aspect en est franchement amélioré !

Panneaux restaurés. Il reste par endroit de légères marques, souvenir des infiltrations, mais ça ne choque pas.

Restent encore quelques équipements et travaux à prévoir. Dans une semaine, Heimoana ressort pour son carénage, et il faudra s'activer pour finir les réparations que l'on souhaite.

Si la transat' se confirme comme prévu, nous avons aussi déjà trouvé un chouette équipier qui nous rejoindra pour nous aider à la navigation (et nous permettra de dormir plus entre 2 tenues de barre, ô joie !!).

L'intendance s'organise aussi doucement. D'ici notre arrivée dans les Antilles, il y aura environ 2 mois de navigation, avec certes pas mal d'escales, mais aussi de longues périodes sans avitaillement. Vu le faible espace de stockage de notre bateau, l'optimisation est incontournable. Pas question de se charger de conserves : trop lourd, trop de déchets à conserver à bord (parce qu'il n'est pas question de balancer nos poubelles dans la mer, nan mais oh !), il faut trouver autre chose. Il faut aussi absolument prévenir le pourrissement induit par l'humidité conséquente à bord d'un bateau. Du coup, on a opté pour la déshydratation et mise sous vide de la nourriture.
 Avec des matériels de compétition issus de chez TOM PRESS, les enfants et moi faisons sécher fruits et légumes, avant de les mettre sous vide. Et parce que chaque cm² compte, on ouvre même les sachets de cacahuètes, pleins d'air, pour les reconditionner sous vide. Pour l'instant nous sommes sur les fruits : figues, prunes, pommes, raisin... Puis on attaquera sous peu la déshydratation des courgettes, aubergines et carottes coupées en cubes, qui serviront à la préparation de ratatouilles et poêlées de légumes.
Le déshydrateur sera impossible à embarquer, en revanche, je vais vraiment essayer de trouver la place pour la machine de mise sous vide, qui nous permettrait de conserver fruits et légumes frais plus longtemps après chaque avitaillement.

Déshydrateur pour fruits et légumes de chez TOM PRESS (accueille jusqu'à 12 plateaux simultanés, mais j'ai pas autant de trucs sous la main ! 😂)


On portionne en fonction des produits, des besoins, et on met tout sous vide, le but est de gagner le maximum de place !


Bref, on est à moins d'un mois du départ, et il nous faut :
- vider la maison  pour la laisser à nos amis (qui nous remplacent au boulot)
- caréner le bateau
- finir les petits travaux d'entretien et réparations restantes
- installer un dessalinisateur (quand on en aura trouvé un d'occase...)
- obtenir la looooongue ordonnance de tous les produits médicamenteux nécessaires "en cas de" (antibiotiques à large spectre, anti-inflammatoires, antipyrétiques, de quoi recoudre une plaie béante...), et sélectionner les huiles essentielles principales à embarquer.
- démarrer les cours par correspondance des enfants (je suis toujours en attente de l'accord de l'Inspection Académique, mais il faut bien avouer que je m'y suis prise super tard)
- acheter le matériel de loisir manquant (et en quémander un peu à droite à gauche, on a des supers potes qui nous proposent gentiment GoPro, matériel de plongée... Merci les copains !)
- charger le bateau (et réussir à tout y rentrer !)

On est carrément à la bourre, mais on va dépoter !  (on y croit, en tout cas...)