Jeudi, nous voilà repartis, non sans faire le tour, même rapide, des nombreuses Calanques de Cassis. Je suis frappée par la structure des massifs rocheux calcaires, d'un blanc éclatant. Des pins se sont installés au beau milieu des falaises, ils ont une capacité d'adaptation étonnante. La roche est sculptée, différemment selon les endroits.
On s'arrête longuement sur Sormiou : elle est large, magnifique et baigne dans une eau limpide. Un vrai plaisir !
Notre annexe prend sérieusement l'eau. Nous pensions l'avoir trouée en râpant trop fort sur des cailloux, mais en fait, c'est le fond qui se décolle par l'avant ! Alors Maëlyss devient Mousse Écope, se chargeant à chaque utilisation de vider régulièrement l'eau qui nous envahit.
Alexandre nous avait informé de l'existence d'une grotte, à l'entrée de la calanque. Après repas et baignade, direction la grotte ! L'accès est caché, on ne l'aurait jamais trouvée sans indication. On grimpe, tant bien que mal sur des rochers un peu glissants (nous étions pieds nus, puisque l'annexe se remplit d'eau...), et pour ma part je m'arrête là. Mais le chemin continue, un brin périlleux, pour redescendre dans un puits. Il est magnifique, et à ciel ouvert. Merci, Alexandre, pour la découverte !
Après un bon moment à profiter du soleil dans cette calanque, nous levons l'ancre pour rejoindre à nouveau le Frioul, et y mouillons pour la nuit. La nuit est calme, et on profite d'une belle vue sur Marseille, et d'un lumineux coucher de soleil.
Vendredi, il nous faut rentrer sur Port Camargue, où la météo sera mauvaise à partir de samedi. Sylvain, motivé, se lève tôt, pour lever l'ancre à 7h30. Le vent s'annonce très faible, néanmoins, on sort les voiles, d'abord génois et Grand-voile, puis le spinnaker (voile "parachute" qu'on utilise par vent faible arrière). Il nous faudra aussi souvent utiliser le moteur, et c'est 14h plus tard que nous arriverons enfin à notre port d'attache.
Le lendemain, c'est la pluie qui accompagne notre rangement du bateau, et elle ajoute un peu à la morosité ambiante, et la déception d'être déjà rentrés, alors que nous aurions aimé prolonger de quelques jours, mais la météo ne nous le permettait pas.
Nous sommes maintenant à une semaine de l'hospitalisation de Killian, et j'avoue que j'ai un peu le moral dans les baskets de n'avoir plus que ça pour occuper mes pensées.
Dimanche, nous nous étions motivés pour participer à une opération collective de nettoyage de la plage de l'Espiguette, mais alors que nous sommes en route, Killian, passant sa main dans les cheveux, se met à paniquer : il détecte une nouvelle bosse !
Je caresse doucement son crâne, et sens, moi aussi, une nouvelle masse qui s'est développée non loin de la première. La peur et le désespoir nous saisissent tous les deux, on fait demi-tour.
Qu'est-ce qui la provoque ? Une réaction inflammatoire retardataire? Encore le méningiome qui essaime ? Une forme cancéreuse ? Killian a 12 ans, il est assez grand pour s'inquiéter lourdement. Et moi, infirmière et ayant une imagination débordante, je lutte pour ne pas me laisser submerger.
Dans 6 jours il rentre à l'hôpital, dans 7 jours le chirurgien aura enlevé tout ça. Mais ça quoi ? Pour combien de temps ? J'ai peur. Je me demande si on a eu raison de faire repousser l'opération de 10 jours. Et à la fois, 10 jours c'est rien, cela n'aurait sans doute rien changé.
Cela donne un goût assez amer à notre retour, mais je m'accroche aux magnifiques souvenirs de ces vacances. Certes trop courtes, certes loin du projet qui était le notre, mais nous avons passé du temps avec nos enfants, nous avons découverts des lieux merveilleux, une nature sauvage, brute, un ciel pur. Je garde précieusement ces images pour me donner du courage, et l'envie furieuse de reprendre le large, tous les quatre, quand Killian sera rétablit.