jeudi 11 avril 2019

Quelques jours de vacances en amoureux (2/3)


Après une courte nuit, on se lève, bien fatigués mais moins malades. Il fait 13 degrés dans le bateau, car notre chauffage ne fonctionne que quand on est branchés au 220 dans un port. On allume le four et la gazinière, pour gagner 2 petits degrés. La baie est très calme, même si le vent souffle sur la zone, aussi nous descendons à terre visiter le Cap Creus et son parc national magnifique. 







La balade est appréciée, et un peu de farniente aussi. Le mouillage est top, le bateau ne bouge pas, du coup on se décide à passer la nuit suivante sur le même spot, pour dormir correctement et bien récupérer. On sait que le vent se lèvera à nouveau fort dans la nuit, mais entourés de hautes parois rocheuses, nous nous sentons bien à l’abri.

C’était sans compter sur une zone où la paroi était plus basse, et un vent venant justement de l’Est qui s’y engouffrerait… Je suis réveillée à plusieurs reprises dans la nuit par le vent qui fait gémir et taper différentes parties du bateau. Sylvain n’est plus dans le lit, j’en déduit qu’il est sur le pont à surveiller, et que s’il y a un problème il m’appellera (non, je ne suis clairement pas solidaire au milieu des nuits trop fraiches…). A 2h, justement, il m’appelle : le bateau tend à reculer sur la paroi rocheuse derrière, et sur les roches volcaniques bien pointues qui affleurent à la surface de la mer. Nous voilà tous les deux sur le pont, dans une nuit d’encre, à surveiller le déplacement du bateau. On hésite sur la conduite à tenir : déplacer l’ancre alors qu’on ne voit absolument rien ? On estime que l’ancre n’a pas bougé, mais que simplement la chaine se tend plus sous la pression. Comme nous mouillons par 14m de fond, notre rayon est large. On finit par rallumer le moteur, pour ravaler un peu de chaine afin de garder une distance de sécurité d’avec les rochers, mais sans remonter l’ancre. Le résultat n’est pas flagrant, mais le bateau semble stable malgré les rafales à 25 nœuds qui nous balaient.

Fatigué, Sylvain va se coucher, et je reste sur le pont en surveillance. Un œil sur la masse rocheuse que je distingue à peine, l’autre sur l’anémomètre pour guetter la fin du coup de vent. L’ancre assure, et le vent faiblit. A 4h30 je peux retourner me coucher finir ma « bonne nuit de repos ».

Nous prenons le temps d’une grasse matinée avant de lever l’ancre, direction un autre mouillage proche de Cadaqués. J’ai visité ce village en mars, et, tombée sous son charme, je voulais vraiment y amener Sylvain. Il n’y a que 4 miles nautiques à parcourir, mais avec un vent de face force 5 et un courant qui commence à se faire sentir, il nous faut presque 2 heures pour atteindre le mouillage choisi. Il est un peu loin de Cadaqués, alors on poursuit notre route jusqu’à la baie de Port Lligat. Deux voiliers sont sur place, l’un sur bouée, l’autre sur ancre. On se place entre les 2, et jetons l’ancre par 14m de fond. Le vent s’est calmé, le bateau sur ancre quitte la baie. Mais voilà qu’Eole se lève de mauvaise humeur, et un vent du nord (prévu pour le lendemain matin !) s’installe, nous mettant en situation inconfortable. A nouveau, notre rayon autour de l’ancre est trop large, nous sommes poussés sur le bateau amarré sur bouée (son rayon a lui est très minime), et sur quelques roches volcaniques affleurant là aussi. Je les trouve très belles, ces roches, mais tellement dangereuses pour la coque d’Heimoana que si j’avais un bâton de dynamite en poche je n’hésiterais pas longtemps avant de l’utiliser… 

Ni une ni deux, on lève l’ancre pour rejoindre le premier mouillage choisi, plus loin, mais qui nous mettrait à l’abri du vent du nord. On fait longuement le tour de cette grande baie, pour choisir le meilleur endroit. On jette l’ancre, avant de se rendre compte que l’endroit ne nous convient pas. Sylvain la relève pour la 3e fois de la journée, se taillant des biscottos de body builder, et songeant probablement qu’il devient urgent d’acheter un guindeau électrique pour gérer cette fichue ancre.

On se chamaille un peu, puis on décide de revenir mouiller devant Port Lligat, là où l’autre voilier était. La zone est bonne : on mouille par 4m de fond (ô joie pour celui qui devra remonter la chaine !), et cette faible profondeur assure un rayon plus petit de « tournage autour de l’ancre ». Soit plus de sécurité même si un vent fort tend la chaine. 

Le ciel est chargé, et je resterais volontiers affalée sur ma couchette avec un bouquin, mais Sylvain me presse pour sortir.  Nous voilà donc en route avec l’annexe vers le village, quand le moteur s’arrête. Panne d’essence, alors que Sylvain a fait le plein la veille. On ne s’explique pas où est passé l’essence, mais il faut retourner au bateau à la rame pour remettre du carburant. Depuis que Sylvain me répète qu’il faut TOUJOURS avoir les rames à bord de l’annexe, j’admets que la démonstration de leur utilité est marquante, car j’aurais été bien embêtée de devoir nager 300 ou 400m dans cette mer bien trop froide.

Bref, on débarque enfin à Port Lligat, et poussons la balade jusqu’à Cadaqués. Le ciel s’est dégagé, et nous profitons d’un chaud soleil pour prendre un Cappucino en terrasse. Je me régale !

La baie de Port Llorgat, dans laquelle nous mouillons.
  

 Cadaqués au coucher du soleil.
De retour au bateau, il fait déjà presque nuit, mais on a choisi de rester là jusqu’au lendemain. Je trouve la nuit bien calme, Sylvain, lui, m’assure être sorti pour surveiller, car ça rafalait un peu. Au réveil, il ne fait que 11 degrés dans le bateau, je laisse donc très égoïstement Sylvain se lever le premier pour allumer la gazinière. On l’éteint quand il fait 15 degrés, et je m’étonne d’y survivre (si dans ma maison il faisait 15, je brûlerais mes chaises et portes de placard pour gagner quelques degrés…).

Nous voulons retourner à Cadaqués, se faire un p’tit restau en terrasse. Mais décidément, le vent nous persécute, et le matin il rafale jusqu’à 30. Il doit se calmer en mi-journée, alors on reste à bord jusqu’à ce qu’il daigne nous ficher la paix.

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