Après une courte nuit, on se lève, bien fatigués mais moins
malades. Il fait 13 degrés dans le bateau, car notre chauffage ne fonctionne
que quand on est branchés au 220 dans un port. On allume le four et la
gazinière, pour gagner 2 petits degrés. La baie est très calme, même si le vent
souffle sur la zone, aussi nous descendons à terre visiter le Cap Creus et son
parc national magnifique.
La balade est appréciée, et un peu de farniente aussi. Le
mouillage est top, le bateau ne bouge pas, du coup on se décide à passer la
nuit suivante sur le même spot, pour dormir correctement et bien récupérer. On
sait que le vent se lèvera à nouveau fort dans la nuit, mais entourés de hautes
parois rocheuses, nous nous sentons bien à l’abri.
C’était sans compter sur une zone où la paroi était plus
basse, et un vent venant justement de l’Est qui s’y engouffrerait… Je suis
réveillée à plusieurs reprises dans la nuit par le vent qui fait gémir et taper
différentes parties du bateau. Sylvain n’est plus dans le lit, j’en déduit qu’il
est sur le pont à surveiller, et que s’il y a un problème il m’appellera (non,
je ne suis clairement pas solidaire au milieu des nuits trop fraiches…). A 2h,
justement, il m’appelle : le bateau tend à reculer sur la paroi rocheuse
derrière, et sur les roches volcaniques bien pointues qui affleurent à la
surface de la mer. Nous voilà tous les deux sur le pont, dans une nuit d’encre,
à surveiller le déplacement du bateau. On hésite sur la conduite à tenir :
déplacer l’ancre alors qu’on ne voit absolument rien ? On estime que l’ancre
n’a pas bougé, mais que simplement la chaine se tend plus sous la pression.
Comme nous mouillons par 14m de fond, notre rayon est large. On finit par
rallumer le moteur, pour ravaler un peu de chaine afin de garder une distance
de sécurité d’avec les rochers, mais sans remonter l’ancre. Le résultat n’est
pas flagrant, mais le bateau semble stable malgré les rafales à 25 nœuds qui
nous balaient.
Fatigué, Sylvain va se coucher, et je reste sur le pont en
surveillance. Un œil sur la masse rocheuse que je distingue à peine, l’autre
sur l’anémomètre pour guetter la fin du coup de vent. L’ancre assure, et le
vent faiblit. A 4h30 je peux retourner me coucher finir ma « bonne nuit de
repos ».
Nous prenons le temps d’une grasse matinée avant de lever l’ancre,
direction un autre mouillage proche de Cadaqués. J’ai visité ce village en
mars, et, tombée sous son charme, je voulais vraiment y amener Sylvain. Il n’y
a que 4 miles nautiques à parcourir, mais avec un vent de face force 5 et un
courant qui commence à se faire sentir, il nous faut presque 2 heures pour
atteindre le mouillage choisi. Il est un peu loin de Cadaqués, alors on
poursuit notre route jusqu’à la baie de Port Lligat. Deux voiliers sont sur
place, l’un sur bouée, l’autre sur ancre. On se place entre les 2, et jetons l’ancre
par 14m de fond. Le vent s’est calmé, le bateau sur ancre quitte la baie. Mais
voilà qu’Eole se lève de mauvaise humeur, et un vent du nord (prévu pour le
lendemain matin !) s’installe, nous mettant en situation inconfortable. A
nouveau, notre rayon autour de l’ancre est trop large, nous sommes poussés sur
le bateau amarré sur bouée (son rayon a lui est très minime), et sur quelques
roches volcaniques affleurant là aussi. Je les trouve très belles, ces roches,
mais tellement dangereuses pour la coque d’Heimoana que si j’avais un bâton de
dynamite en poche je n’hésiterais pas longtemps avant de l’utiliser…
Ni une ni deux, on lève l’ancre pour rejoindre le premier
mouillage choisi, plus loin, mais qui nous mettrait à l’abri du vent du nord.
On fait longuement le tour de cette grande baie, pour choisir le meilleur
endroit. On jette l’ancre, avant de se rendre compte que l’endroit ne nous
convient pas. Sylvain la relève pour la 3e fois de la journée, se
taillant des biscottos de body builder, et songeant probablement qu’il devient
urgent d’acheter un guindeau électrique pour gérer cette fichue ancre.
On se chamaille un peu, puis on décide de revenir mouiller
devant Port Lligat, là où l’autre voilier était. La zone est bonne : on
mouille par 4m de fond (ô joie pour celui qui devra remonter la chaine !),
et cette faible profondeur assure un rayon plus petit de « tournage autour
de l’ancre ». Soit plus de sécurité même si un vent fort tend la chaine.
Le ciel est chargé, et je resterais volontiers affalée sur
ma couchette avec un bouquin, mais Sylvain me presse pour sortir. Nous voilà donc en route avec l’annexe vers
le village, quand le moteur s’arrête. Panne d’essence, alors que Sylvain a fait
le plein la veille. On ne s’explique pas où est passé l’essence, mais il faut
retourner au bateau à la rame pour remettre du carburant. Depuis que Sylvain me
répète qu’il faut TOUJOURS avoir les rames à bord de l’annexe, j’admets que la
démonstration de leur utilité est marquante, car j’aurais été bien embêtée de
devoir nager 300 ou 400m dans cette mer bien trop froide.
Bref, on débarque enfin à Port Lligat, et poussons la balade
jusqu’à Cadaqués. Le ciel s’est dégagé, et nous profitons d’un chaud soleil
pour prendre un Cappucino en terrasse. Je me régale !
La baie de Port Llorgat, dans laquelle nous mouillons.
Cadaqués au coucher du soleil.
De retour au bateau, il fait déjà presque nuit, mais on a
choisi de rester là jusqu’au lendemain. Je trouve la nuit bien calme, Sylvain,
lui, m’assure être sorti pour surveiller, car ça rafalait un peu. Au réveil, il
ne fait que 11 degrés dans le bateau, je laisse donc très égoïstement Sylvain
se lever le premier pour allumer la gazinière. On l’éteint quand il fait 15
degrés, et je m’étonne d’y survivre (si dans ma maison il faisait 15, je brûlerais
mes chaises et portes de placard pour gagner quelques degrés…).
Nous voulons retourner à Cadaqués, se faire un p’tit restau
en terrasse. Mais décidément, le vent nous persécute, et le matin il rafale
jusqu’à 30. Il doit se calmer en mi-journée, alors on reste à bord jusqu’à ce
qu’il daigne nous ficher la paix.
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